
On pourrait penser que se faire accompagner est réservé aux parents « débordés », « qui ne s’en sortent pas » avec leurs enfants, qui crient, « qui se font mener à la baguette » par des « enfants rois ». Ou pire des parents maltraitants! A moins que de mauvais souvenirs de SUPER NANY viennent réveiller de l’agacement. Ne m’évoquez pas son nom, je bondis moi aussi! Mais tout d’abord à qui cela n’est pas arrivé de « se faire déborder » par sa progéniture ?
Par exemple : vous ne supportez pas que votre enfant formule une demande avec l’expression « je veux ». « Je veux une glace carambar vanille! » « Je veux pas de haricots! » « Je veux cette boîte de légo pour mon anniversaire… » Vous lui répétez sans cesse qu’on ne dit pas « je veux » (ca ne se fait pas m’enfin !) mais « Je voudrais s’il te plaît… »
Puis un jour vient le « Je VEUX UN COOKIE, JE VEUX PAS LA SOUPE » … « Et puis flûte, comment ça tu ne veux pas de soupe et tu VEUX un cookie ? » Là cela commence à chauffer pour vous au sens corporel du terme, tête, tension dans les bras, accélération du rythme cardiaque, l’estomac qui se noue peut-être et un message mental répétitif du style « je ne laisserais pas faire » « je ne céderais pas, c’est n’importe quoi, je n’en ferais pas un enfant roi » « tata Jacqueline avait raison, cette enfant va me rendre dingue, il me mène par le bout du nez » « aujourd’hui un cookie, et puis quoi encore ? demain des tartes à la fraise midi et soir tous les jours ? Qui vole un œuf, vole un bœuf ! Ah non là cela déraille pour de bon.

Est-ce que cela n’est pas universel ? Après tout nous sommes vite rattrapés par notre colère que l’on le veuille ou non. Nous avons tous entendu cet adage « Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants. » Je trouve que cette phrase ne perd pas de son actualité.

Qu’est-ce qui peut bien se passer pour switcher en un quart de tour, du plein amour pour nos à la pleine colère ? Ces moments destructeurs que l’on aimerait épargner à tout le monde ?Quelque fois nous pensons que c’est nécessaire, que ce sont de légitimes moments d’éducation. Mais si on regarde bien il s’agît plus d’une prise avec nos propres démons.
En effet, un mécanisme neurologique aux réactions psycho-corporelles est à l’œuvre : la mémoire traumatique. Celle-ci nous fait des coucous réguliers, Hé oh ne m’oubliez pas ! Résultat : réactions brusques pour ne pas dire sur-réactions en lien avec les blessures.
Comment ça marche ?
Lorsque un évènement du présent se produit et qu’il a vaguement un lien, plus ou moins ressemblant avec la réalité ancienne, le cerveau réagit. Un signal de danger est envoyé aux cerveaux reptilien et limbique. L’évènement présent devient par un tour de passe-passe inconscient qui nous dépasse, actualité. Mais c’est un mirage. Euh vous me suivez ? Pour faire plus simple, l’ancien devient d’actualité en un quart de seconde et nous fait réagir comme si nous étions dans cette situation passée. S’en suivent des réactions physiologiques de défense et de lutte qui semblent plutôt disproportionnées.
Revenons au cookie avant la soupe. Ce cookie peut nous mettre très en colère, alors que le même cookie à 16h peut être une véritable bénédiction. Devant la soupe, c’est autre chose donc, cris, menace chantage et incompréhension de votre enfant pour qui consommer un cookie avant ou après la soupe c’est pareille, non c’est même mieux avant, un cookie c’est fun. (D’ailleurs ceci-dit en passant, consommer quelque chose de sucré avant le salé ouvre l’appétit, les sucs gastriques se mettent en route.) La scène finit donc en drame, et on s’en serait bien passé. Alors que s’est-il passé ?
En remontant rapidement le cours des choses pour nous, il se peut que l’on se souvienne d’un épisode plus ou moins agréable, pour le coup pas très agréable, où enfant, nous avons été obligé de rester une heure de plus à table, seul face à une assiette de soupe froide, condamné à finir pour pouvoir sortir de là. Il aurait été juste inimaginable de réclamer un cookie (ou un sablé ) à cette époque lointaine. Pourtant cela nous aurait peut être aidé dans cette tâche ingrate, vider à la cuillère un bol de liquide vert et jaune….
C’est ce genre de « petit » évènement que la mémoire enregistre. Et même si on adore nos parents, et qu’on se dit qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec les moyens du bord de l’époque, notre mémoire traumatique elle cherche à en découdre… à notre insu et à l’insu de nos enfants, qui eux n’ont rien demandé. Bon ok un cookie. Tout de même !
Alors quoi faire ?
Premièrement, revenir sur la scène et mettre au ralenti ou en pause pour voir comment on aurait pu faire autrement. Utiliser les outils de communication ou le jeu pour trouver un compromis acceptable pour chacun.
Ensuite l’exploration et la mise en mots de ce qui peut nous réactiver, accompagné d’une (bonne) décharge émotionnelle en toute sécurité suffit pour désactiver la colère liée à cette scène. Nous voyons dans l’exemple que l’évènement est enfoui et ce n’est que par l’exploration qu’il a des chances de remonter pour notre plus grand bien finalement.
Eh oui notre histoire est truffée de petits et grands évènements qui continuent à nous influencer à l’état adulte, comme autant de petits fantômes bien farceurs.
N’ayant pas toujours été écouté, forcé à nous exécuter malgré notre dégoût, refus, répulsion. Aujourd’hui nous pouvons être amenés à ne pas écouter d’avantage nos signes corporels, à nous forcer à satisfaire des exigences qui ne nous appartiennent pas. L’alimentation en est un bon exemple.
Les situations avec nos enfants ne manquent pas pour venir réveiller ces blessures anciennes. C’est l’occasion de s’en libérer.

La colère, cette mauvaise copine face à nos enfants, peut se révéler être une bonne amie lorsqu’on lui accorde un temps rien qu’à elle. Pas besoin de milliers de séances, quelque fois quelques séances suffisent pour traiter de « gros » et « petits » dossiers. Les ateliers de parents également sont assez géniaux pour cela. On peut aussi choisir de le faire juste avec soi en écriture dans un journal. Ou encore trouver une bonne oreille non jugeante avec un ami ou une amie.
En parallèle, trouver des manières de fonctionner autrement nous évitent également un maximum de conflits. De beaux outils de communication existent, comme la CNV. Pouvoir s’affirmer, dire de vrais « Oui » et de vrais « Non » qui nous évitent l’emportement lorsqu’il s’agît de poser nos limites. Voilà tout ce que ce travail d’évolution en étant accompagné peut venir mettre au monde. N’est-ce pas un grand soulagement et une bonne nouvelle ? Même en exerçant mon métier, je continue à faire ce travail et ô combien de drames évités et combien de détente gagnée dans mon cercle familial et amical.

Farah – 06 74 22 09 09
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